Accompagnement digital en nutrition animale : les TC doivent y aller
Pour les TC en nutrition animale, la question n’est plus de savoir « est-ce que l’on va passer au digital ? » ou « quand ? », mais dès à présent « comment ? ». Pour Gaël Peslerbe, directeur de Le Cube (Novial), les atouts sont importants pour les éleveurs, les TC et les entreprises, mais il faut faire payer le service.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Près de 90 % des données générées en élevage ne sont actuellement pas exploitées, ce qui ouvre de larges possibilités d’apporter plus de conseils, mais ouvre en même temps la porte à de nouveaux intervenants. « Le monde a changé, mais de façon globale en nutrition animale, nos équipes n’ont pas encore changé. Or nous avons de vrais risques de nous faire sortir de nos métiers si nous ne prenons pas le virage du digital », explique Gaël Peslerbe, directeur de Le Cube, nouveau service de Novial, la filiale nutrition animale de Noriap, qui présentait son expérience de plus d’une année, lors de la session « data » organisée par l’Aftaa au Mans, le 7 juin.
100 € par mois pour analyser les données
« Nous sommes à un tournant, il existe de vraies opportunités pour les équipes de TC, mais il existe aussi de grands risques », prévient le directeur. Il a ainsi répertorié près de 200 applications gratuites pour les éleveurs laitiers. Il est même possible de connaître le poids d’un animal à 5 % près, juste avec une photo. Or 5 % d’erreur c’est largement suffisant pour suivre une courbe de croissance d’une génisse ou un GMQ. Le Cube, concept lancé l’an passé et labellisé « Data Agri », propose, pour un abonnement d’environ 100 € par mois, d’apporter du conseil aux éleveurs en analysant leurs données.
Prouver les performances de son conseil
Pour les éleveurs, le digital permet de garder et de retrouver la maîtrise de son système en quantifiant les choses : se fixer les objectifs et les atteindre tout en apportant de la crédibilité dans ses projets de développement, par exemple face à un banquier.
« Pour les techniciens, le digital permet enfin de prouver les performances de son conseil et de ses produits en s’appuyant sur la réalité de la cinétique de l’élevage : on s’affranchit de ce que dit l’éleveur grâce aux éléments factuels… Si les vaches françaises mangeaient effectivement tous les minéraux qui sont inscrits sur leurs rations, il faudrait au moins construire deux usines de minéraux ! illustre le dirigeant. Seuls 45 % des éleveurs respectent les rations prévues. Les outils connectés permettent de suivre et de prédire la performance, de pointer la raison pour laquelle les animaux ne font pas de lait. »
Accepter de gagner en compétence
Pour lui, les TC doivent dans tous les cas accepter de gagner en compétence car, face à l’accumulation de données remontées de l’élevage, ils doivent être capables de les traiter ou disposer d’un expert facilement accessible dans l’équipe qui puisse les y aider.
L’objectif global est bien d’apporter à l’éleveur une vraie rentabilité et/ou des solutions pour lui faciliter la vie.
Le TC doit en être conscient et proposer les nouveaux services à tous les éleveurs sans préjuger de leur réponse, car ce ne sont pas forcément ceux qu’il pense éloignés de ce genre d’outil qui le refuseront. De fait, le service basé sur les données utilise les matériels dans lesquels l’éleveur a investi pour en tirer le meilleur pilotage possible sachant que désormais, dès qu’un agriculteur achète quelque chose, il se retrouve avec du matériel connecté, jusqu’aux manchons trayeurs.
Rien n’affranchit de l’observation
« Le TC ne va pas traire les vaches, le robot ne va pas dire que la 447 n’a pas mangé à la table d’alimentation, la vache ne va pas produire de lait si l’éleveur ne met pas la ration préconisée par le TC », résume le dirigeant. Même si les nouveaux outils de collecte automatique des données et d’analyse vont probablement faire gagner des kilomètres, rien n’affranchira le TC de l’observation des animaux. Au final, la différence entre des acteurs concurrents sur le terrain (certains totalement nouveaux venus) se fera sur l’analyse, pas sur la valeur brute de la donnée.
« Le digital est un outil aide à la décision mais il ne fera pas le boulot à notre place. Mais si on n’y va pas, quelqu’un fera le boulot à notre place, résume Gaël Peslerbe. Pour un TC, être passif, c’est mourir professionnellement, sans oublier que les éleveurs avancent plus vite que nous car ils ont le même accès à l’information. » La séparation du conseil et de la vente des produits phytos va probablement aussi amener les éleveurs à prendre l’habitude de payer le service qui est historiquement inclus dans les produits.
Yanne BolohPour accéder à l'ensembles nos offres :